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Manifestations
Lectures de Bernard Grellier

Illustration : Nicole Dolezon
13 août 2025
Cabrillac (Lozère)
24 septembre 2025
La folle journée, le Puy de Sancy (Puy de Dôme)
Plus d’informations : 07 68 56 18 74 / contact@via-arverna.org
« Au début de l’été, j’espère aller avec Julia rejoindre les amis qui suivent comme chaque année la transhumance du troupeau de Bernard et Nadine. Nous passerons la première nuit près du Vigan, puis nous partirons de Valleraugue pour gravir les pentes de l’Aigoual au long de la draille. Nous coucherons à Bonperrier dans la bergerie en ruine qui domine une combe rase. À la halte de midi, nous nous retrouverons sur un col. Chacun ajoutera le bref récit de son année écoulée au vin et aux victuailles apportées avec nous par le cheval patient. Cette réunion dans la chaleur de juin rappelle les retrouvailles fraternelles des assemblées du désert, au temps de la résistance protestante. Ici, sans Dieu ni prière, simple rencontre d’êtres qui s’efforcent, chacun à sa façon, de vivre en humains. Pleinement et juste humains. C’est peu, et c’est terriblement ambitieux, mais enfin. Cette troupe très petite, mais il y en a tant d’autres, n’a que ses expériences à échanger. François, avocat de Montpellier qui prend en charge, très loin souvent, la défense de droits bafoués. Un économiste qui cherche une voie alternative aux détresses de la paupérisation mondiale. Lili et Christian, éleveurs du Vigan qui sont en liaison tout au long de l’année avec d’autres éleveurs dans le monde ‒ et l’an dernier, ce furent des Touaregs qui sont venus rendre la visite qui leur avait été faite et suivre le troupeau cévenol, et chaque soir nous avons eu notre thé à la menthe. Un maire d’un village paysan de Roumanie. Des infirmières en Avignon. Et Régine et Patrick, bien sûr, mes amis venus de leur village au pied du Sauveterre. Ils m’ont aidé, jadis, à sauver les éditions, et ils en ont aidé bien d’autres depuis, silencieusement. Générations mêlées, qui savent, peut-être, ce que je n’ai pas su lorsque j’avais vingt ou trente ans : que l’on ne changera pas le monde en quelques années, qu’une génération n’y suffit pas, qu’il n’y a jamais de table rase du passé, ni pour le meilleur, ni pour le pire. Le meilleur ne sera jamais acquis. Le pire ne sera jamais définitif. Tant du moins qu’il y en aura pour, même petitement, même maladroitement, même au prix de tant de grandes défaites entre tant de petites victoires, résister. »
François Maspero, Les abeilles & la guêpe, Le Seuil, 2002.